Le commerce en ligne a beaucoup optimisé l’UX, la logistique et la donnée. Pourtant, une grande partie de l’effort d’achat reste encore à la charge du client : formuler un besoin, fouiller les catalogues, comparer des dizaines d’options, vérifier la disponibilité, arbitrer le prix total avec la livraison… puis, enfin, payer. L’agentic shopping renverse ce schéma. Dans ce modèle, des agents d’IA agissent au nom de l’utilisateur : ils comprennent une intention, explorent l’offre, expliquent leurs choix et peuvent aller jusqu’à finaliser la transaction si l’utilisateur leur en donne le mandat. Ce n’est plus seulement un chatbot qui “répond”, c’est un agent qui agit.
On parle d’agentic shopping lorsqu’un logiciel autonome, relié à vos systèmes (catalogue, prix, stock, livraison, identité, paiement), est capable d’orchestrer l’intégralité d’un parcours d’achat. L’utilisateur n’énumère plus des mots-clés, il exprime une intention complète : “trouve-moi une paire de chaussures de randonnée sous 150 €, étanches, livrées avant samedi”. L’agent interprète ces contraintes, explore plusieurs sources, confronte les avis, vérifie la disponibilité, construit une recommandation argumentée, puis propose l’exécution du paiement sous contrôle. L’autorisation est explicite, bornée par des règles (plafond, marchands autorisés, modes de livraison) et réversible.
La différence avec un assistant traditionnel est décisive : là où un chatbot guide ou redirige, un agent d’achat prend des décisions dans un cadre défini et exécute les étapes techniques, de la recherche à la transaction. La valeur se voit immédiatement du côté utilisateur (moins de friction) et du côté marchand (parcours raccourci, conversions incrémentales, meilleure adéquation entre l’offre et l’intention).
Ce modèle s’impose à mesure que les standards techniques (ex. AP2 – Agent Payments Protocol) émergent pour sécuriser le mandat et l’exécution du paiement.
Trois mouvements se renforcent. D’abord, la maturité des modèles de langage permet de capter des intentions riches et de raisonner avec des données hétérogènes : caractéristiques produit, conditions de livraison, politiques de retour, compatibilités, contraintes budgétaires. Ensuite, des interfaces d’achat intégrées émergent dans des écosystèmes grand public : le consommateur s’habitue à confier des tâches à un assistant qui ne se contente plus de répondre, mais qui cherche et propose. Enfin, côté “coulisses”, l’écosystème paiements et identité normalise peu à peu les mandats et la preuve d’exécution, ingrédients indispensables pour laisser un agent engager une transaction en toute sécurité.
Le point de départ est une intention. L’agent la reformule, demande éventuellement des précisions, puis part explorer. Il interroge votre PIM pour récupérer les bons attributs, vérifie les prix en temps réel, compare la disponibilité par taille ou variante, calcule un coût total fiable en intégrant livraison et retours, et prend en compte des préférences persistantes (marques évitées, matériaux, critères RSE).
La sélection n’est pas une liste à rallonge : l’agent revient avec une courte proposition, expliquée, traçable et vérifiable. Chaque option peut être justifiée par des critères tangibles, et l’utilisateur garde la main : il peut demander “pourquoi ce modèle plutôt qu’un autre ?”, durcir une contrainte ou demander un compromis.
Vient ensuite le mandat de paiement. L’utilisateur autorise explicitement l’agent à finaliser la commande pour un montant et un périmètre précis. La transaction est alors exécutée via un protocole sécurisé ; l’agent gère l’authentification, applique les remises, choisit la bonne livraison et produit des preuves : reçus, logs, identifiants de transaction. En arrière-plan, vos systèmes (OMS, ERP, CRM) sont mis à jour et la commande suit son cours.
Pour l’utilisateur, l’agentic shopping promet une économie de temps spectaculaire et une baisse du stress décisionnel. Au lieu d’ouvrir dix onglets, il délègue l’exploration, tout en gardant le contrôle final. La qualité perçue de l’expérience augmente : les réponses sont contextualisées, les critères respectés, les explications transparentes.
Pour le marchand, l’agentic commerce débloque plusieurs leviers. La conversion progresse parce que les frictions diminuent. Le panier moyen peut monter grâce aux recommandations argumentées (accessoires pertinents, bundles intelligents) pilotées par des règles de marge et de stock. Les coûts d’acquisition baissent à mesure que l’assistant capte une intention “chaude” avant que l’utilisateur ne reparte sur un moteur généraliste. Et sur la valeur vie client, l’agent facilite le réassort, rappelle les consommables au bon moment, propose un échange proactif en cas d’insatisfaction : autant d’occasions de fidéliser sans imposer d’effort supplémentaire.
Mettre en œuvre l’agentic shopping ne se résume pas à ajouter un widget. La qualité de la donnée produit devient centrale : attributs normalisés, taxonomies claires, images et fiches complètes, relations de compatibilité. Sans un PIM propre, l’agent aura du mal à raisonner correctement. La connexion temps réel au prix et au stock est tout aussi critique : l’agent s’engage sur une promesse, il lui faut des informations fraîches.
L’orchestration est le deuxième pilier. Il s’agit de définir les règles de gouvernance : quels produits sont autorisés, quels plafonds s’appliquent, quels transporteurs ou points relais sont préférés, quelles politiques d’éligibilité déclenchent un geste commercial. Ces règles ne vivent pas dans des slides : elles sont codées, versionnées et auditables.
Enfin, la couche paiements & identité doit supporter le mandat, l’authentification et la preuve. Les protocoles émergents, qui décrivent comment un agent peut initier et compléter un paiement de manière explicable et réversible, jouent ici un rôle d’épine dorsale. C’est cette ossature qui permet d’aller au-delà du simple “ajouter au panier” et d’assumer une exécution transactionnelle fiable.
Le premier terrain de jeu est le concierge d’achat sur des catégories à forte hésitation : poussettes, équipement sport/outdoor, high-tech, beauté experte. L’agent devient un acheteur privé, qui comprend les contraintes, chasse la disponibilité et arbitre le meilleur rapport qualité-prix.
Le réassort récurrent arrive rapidement derrière. Dans le B2C, l’agent gère les consommables (filtre à eau, litière, lessive) sans forcer l’abonnement rigide : il suit la cadence réelle de consommation. En B2B, il sécurise les commandes terrain : un technicien valide à la voix l’achat d’une pièce compatible, au bon compte analytique, dans le cadre d’un budget mensuel.
Autre scénario : le déstockage piloté. Au lieu de pousser des promotions indifférenciées, l’agent cible les profils pour qui l’offre est objectivement pertinente, tout en respectant une rentabilité minimale. Les promotions cessent d’être un levier de masse et deviennent une micro-négociation guidée par des règles.
Le SAV proactif enfin, réduit les frictions post-achat. L’agent surveille les signaux faibles (retour probable, avis négatif latent), propose un échange compatible avec la politique commerciale, déclenche un bon de retour et suit la résolution. Le client vit une réparation fluide plutôt qu’un parcours de plainte.
Donner à un agent le pouvoir d’acheter en votre nom exige des garde-fous. La supervision humaine n’est pas un renoncement, c’est un design pattern : on décide ce qui doit être approuvé systématiquement, ce qui peut être exécuté en autonomie sous plafond, et ce qui doit remonter si un risque est détecté. La journalisation doit être détaillée, signée, horodatée. Les revocations doivent être simples : l’utilisateur doit pouvoir annuler un mandat, restreindre un périmètre, mettre en pause l’agent.
Côté conformité, on applique la minimisation des données et une traçabilité claire : quels signaux ont été utilisés pour recommander tel produit ? quelles sources ont été consultées ? Sur la dimension réputationnelle, on évite l’“agent-washing” : un projet n’est agentique que s’il agit réellement dans un cadre contrôlé. Sinon, on reste au stade assistant/FAQ, ce qui n’a rien de honteux mais doit être nommé pour ce que c’est.
La bonne porte d’entrée consiste à cadrer deux ou trois parcours à ROI crédible, sur des familles produits où la donnée est propre et la valeur d’aide élevée. On lance ensuite un POC fermé : l’agent se branche au catalogue, simule le paiement, enregistre chaque étape (intention → sélection → conversion) et mesure l’impact sur la conversion et le panier. Une fois les signaux au vert, on durcit l’intégration : connexions temps réel, mandat et authentification, logs à valeur légale, tableaux de bord. Puis on déploie progressivement : d’abord une catégorie, puis deux, et seulement ensuite l’ensemble du catalogue. L’objectif n’est pas de tout automatiser, mais d’aligner l’autonomie de l’agent avec la valeur perçue et le risque acceptable.
Au fur et à mesure que les standards se stabilisent et que les clients s’habituent à déléguer, l’agentic shopping sortira de la curiosité pour devenir un canal de vente à part entière. Les interfaces évolueront vers une collaboration fluide : le client décrit, l’agent propose, explique, et exécute. Les marchands qui auront investi tôt dans la qualité de leurs données, la clarté de leurs règles et l’intégration des paiements par mandat prendront un avantage durable.
Le plus intéressant est peut-être ailleurs : l’agentic commerce ne crée pas une nouvelle vitrine, il recompose le parcours autour de l’intention. Ce déplacement de la valeur — de la page produit vers la conversation orientée action — redéfinit la façon de concevoir un site e-commerce, un merchandising, un CRM. Les “meilleurs” ne seront pas ceux qui ajoutent un assistant tape-à-l’œil, mais ceux qui bâtissent un chaînage fiable entre intention, données, décision et transaction.
Découvrez dans cet article l’ère du shopping orchestrée par l’IA.
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L’agentic shopping (commerce agentique) est un modèle où des agents d’IA recherchent, comparent et achètent des produits pour l’utilisateur sous mandat explicite, avec traçabilité et preuves de transaction.
Un chatbot conseille et redirige ; un agent d’achat comprend l’intention, applique des règles (budget, préférences, délais), prend la décision et peut finaliser le paiement via un protocole sécurisé.
Hausse de la conversion (parcours raccourci), panier moyen plus élevé (bundles/accessoires pertinents), CAC mieux maîtrisé (captation d’intentions chaudes) et LTV renforcée (réassort proactif, SAV assisté).
Sélectionnez 2–3 cas d’usage à ROI rapide, nettoyez la donnée produit (PIM), branchez l’agent au prix/stock temps réel, testez un POC avec paiement simulé, puis durcissez intégrations, mandats et supervision.
Un PIM propre, des APIs catalogue/commande, une orchestration de règles métier, la journalisation des actions, et un rail de paiement par mandat (ex. protocole type AP2) pour sécuriser autorisation et preuve.
Oui, via des pilotes et des assistants d’achat intégrés. La généralisation dépend surtout de la qualité des données, des intégrations et de la gouvernance paiements/identité.
Risque d’“agent-washing”, dérives budgétaires et erreurs de sélection. On y répond par des plafonds, des listes blanches/noires, des revues humaines, des logs signés et une réversibilité simple des mandats.
Le coût varie selon la propreté des données et les intégrations existantes. Le plus efficace est un POC borné (quelques catégories, 50–200 SKU) pour valider impact et TCO avant l’industrialisation.
Oui, si l’on applique minimisation, base légale claire, transparence sur les sources, et conservation limitée des journaux. Les préférences utilisateur et mandats doivent être exploitables et révocables.
Taux d’intention→sélection, conversion assistée par agent, AOV (panier moyen), coût par commande assistée, taux de retour et NPS sur parcours agentique.
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